A moins d’un mille des côtes première rencontre avec la terre.
Comme la terre émerge des océans, l’homme naît au revers de l’horizon.
Sans lui, la côte serait maigre, les ports seraient vides, les lieux déshonorés
D’assez loin encore, d’abord photographié, puis filmé à la jumelle, scruté à l’œil nu
l’Homme apparaît, un ou multiple ?
Le même corps depuis le néolithique, le premier pas
Se dessine la côte qui va suivre
Une région commence.
Arrive sur le point
De l’immense traversée
Apparition insolite
Le port et ses escaliers, sa jetée, son café
Encore une expérience à vivre juste aux abords ?
Atteindre le point noté sur la carte
Un coup de crayon fixe !
Points de vues multiples.
Homme
Il apparaît pour la première fois, sans sexe ni couleur
rassemblé, immobile, dans l’étreinte de liens puissants
Flux invisible de l’immense échelle du paysage
Les figures sont exécutées dans un tableau vivant
les saisons et les jours sous un ciel de traîne.
Perdre son âme, gagner la rive ?
Pas décisif
Aux antipodes, toute activité paraît futile
Il va, tente de comprendre, mesure l’orientation
S’achemine vers la permanence
Tout est là
Il ne met pas longtemps à mettre au point sa destinée
Parcours délimité sur une ligne de crête
avant de disparaître.
Pourquoi atterrir ?
Etre en mauvais terme avec l’infini
Vouloir des preuves.
Reprendre la lecture des paysages,
Espérer des témoins, vérifier les traces
Voile de fumée
les pieds sur terre, plus de décor
Reprendre la mer ?
Pas de contacts à l’horizon
une règle souligne la ville.
Un chemin perd les eaux
Le port
Une vie sur terre ?
Arbre, toit, champ, pylone
Lente cadence
Evolution insignifiante, présage de mort
Mur de ciment, immeubles, fumée
Subtilement simple à l’origine
Juste à l'heure au commencement
Aperçu avant impression
Il vient à la présence. L’Homme a une respiration égale
partagée de l’inspire à l’expire. Halé
millimètre par millimètre, non encore livré au rythme binaire
dessinant une ligne, d’un point à un autre, la conscience ténue
place, déplace, circule, appesanti
Emerge une grandeur dont il tient l’antenne
Loi de la pesanteur
Routine. Il s’adapte à lui même
Il montre un prisonnier volontaire ne voulant plus être
Cherchant à s’échapper sur le front du ciel
Récréation sur le front de mer
Du mouvement à l’arrêt, l’immobilité fait demi tour
Agonie ou renaissance
Tenu en laisse, le promené se distend
Vie de maître et carrière de chien.
Soyez jusqu’au bout le maître de votre chien
Quelle humiliation de n’entrer pour rien
Et si le courant est contre,
l’homme se convertit en appelant.
Attendre la renverse
Désintérêt chronique
Point suivant,
Il reste à son endroit, imperturbable
Pourtant, pas de racines à ses pieds !
Si c’est un homme, il pêche
Pluie
Une obsession et une seule
gagner la terre.
Un jour d’élection.
A moins d’un mille des cotes, de source certaine,
Un jour d’élection ! On parie !? Il est en grand nombre.
Il va élire le meilleur moment. Une passerelle contre les passades.
L’accord est au rassemblement, midi sonné.
L’expérience, déjà un plébiscite.
Simple souvenir naissant à inscrire au patrimoine. Photo !
Sans aucun mérite, par un verdict surnaturel, une volonté libre,
il est choisi.
La beauté est démocrate. Il suffit d’être là ; D’être né là ?
Naturellement, se montrer digne de cette élévation.
Le mouvement de la mère
S’il savait !
Rassemblement
Au point éminent du chemin, tout Homme est porteur d’une révélation, en apparence
L’heure tourne à la force du poignet.
Il va bouger
Aller au bout du monde ?
Insouciant de l’eau, de la terre et des cieux,
marcher au plus loin
Subitement, il sacrifie une pose
Il s’installe en lui même,
le col fermé
s'obéir, se retourner, le geste accompli
A-t’il vraiment fait le tour ?
Nous vivons dans l’horizon de notre volonté, de notre désir
sauf que des connivences se suivent. Il s’agit d’un véritable défilé. Erreur de perspective ? Qui décide pour tous ?
Il est accompagné -organisé. Il ne forme qu’un -cerveau. A été ? Combien sont-ils ? Des complices. Il complote. Les silhouettes vacillent. Un rythme régulier où le singulier passe au pluriel. Il passe. Il dépasse un autre et rectifie l’univers. C’est dimanche.
Il n’a pas d’obligations.
Dans l’uniforme, son type se distingue. La lente parade a bien lieu.
Sans dommage, la foule se disperse.
La nuit tombe ensuite.
L’exploration des profondeurs.
Il prend un risque très mesuré à aller au fond. Du haut de la cale,
il ferre à l’instant, se penche avec grâce pour deviner un monde.
Un goéland lance un cri. Impossible de voir le prédateur ou ses intentions. Il est juste en train de joindre un poisson, un squelette
de crabe, le reflet d’un nuage. Il s’incline, en surplomb du vivier,
égal devant la mort et revient aussitôt adresser les mots
à la surface des vivants.
Il se penche pour avancer. Il est grave, joignant le geste à la parole. Que les pas viennent à la pensée, les pensées retournent au pas.
Au final, la conversation mène le pas.
Un coup d’épée dans l’eau.
Selon la fréquence du tempo dominical, il marche
d’un pas lent. Il est aux cotés d’elle. Soudain, il rompt
passe le premier. Il ne pilote plus que pour lui.
La distance se creuse.
Autre cas de figure : Il s’entend parfaitement. Il marche
deux cent pas devant. Il mime.
Autre cas de figure : Non las de converser,
il fait tenir les pas ensemble. Il entame une manœuvre :
Sortie -évitage puis entrée dans le port. Est-ce qu’il vogue ?
Autre cas de figure : L’ascension. D’un seul coup de main,
d’une brassée le petit est soulevé de terre en direction du ciel.
Mais la loi de la gravité, impose à l’embrassé un retour immédiat.
La caravane repart. On a confirmation de l’heure.
Autre cas de figure : Ne faire qu’un ou changer de forme.
Ils se sont accordés. Non pas deux mais quatre oreilles.
Voilà, la pose prise ; Une respiration pour deux, momentanée.
Il est pour la première fois en dehors, les cheveux balayés.
Autre cas de figure : L’illusion de l’histoire.
Le petit trotte avec d’autre petit, trottent. Le grand a les bras ballants. Soudain, il fait un effort inexplicable. Alors qu’il se tient coi, il exerce une formidable pression vers le haut. Il soulève un lieu, une anecdote, toute une histoire, de faits avérés qu’il transpose et dirige d’une main de maître. Mais la brume arrive, à couper au couteau.
Toute initiative devient futile. Maintenant le rempart est balayé.
Il disparaît comme une cheminée. C’est ainsi.
La côte est rayée.
Le jeu de plage.
A première vue, il est toujours là.
Que la brume de beau temps se dissipe et la distance le permette,
le voici posté sur le rivage à distance égale. On ne sait pourquoi,
il précède le monde. Il se nourrit d’iode.
Immobile, debout, nu parmi d’autres, il se tient placé
au regard de l’horizon. Une obsession.
Ou il s’expose en pleine lumière, ou il tient conciliabule
sous de petites huttes.
C’est le petit qui bouge le premier. Des trajets absurdes interrompus par des arrêts subits.
C’est aussi lui et son cri qui annonce l’échouage
proche.
Quand vient le cri, vient la palabre.
Les paroles surgiront avec les vagues.
L’homme est un animal de conversation.
Il marque la terre de son passage.
Une extinction.
Il va bien quelque-part mais ça n’a pas l’air d’être important.
Il est silencieux dans une habitude précise
Se comporte avec exactitude, légèrement
Aplati par la distance sur le mur du fond.
Il va jusqu’au bout, revient débouté
Il ne pense pas sa marche, un peu plus vite au retour.
Il regarde ses pas
Se laisse aspirer
Ondulation
Larguer ? Il rappelle une dernière fois, à la limite de la mer
Avec un masque aussi grand que le corps
Ne plus se retourner
Ni vu ni connu.
La figure de l’homme a disparu
La mer est à tous
Aucune espèce n’a prévu de disparaître
Excepté l’homme.